Isolation Acoustique : atténuer les nuisance sonores

par | Juil 4, 2019

Ah les nuisance sonores… Quand ce ne sont pas les voisins, c’est votre conjoint qui se croit au ciné avec le home cinéma, la machine à laver qu’on a lancée trop tard, notre ado au téléphone depuis deux heures, la chasse d’eau du petit dernier qui se lève la nuit… Et au bureau, les open spaces ont fait la
part belle aux 4 murs. Résultat, tout le monde vi avec tout le monde et le repos mental est mis à rude épreuve, sans parler du sommeil !
D’autres problématiques peuvent aussi vous encourager à trouver des solutions acoustiques comme l’arrivée d’un bébé dont la chambre est mitoyenne au salon ou à la salle de jeux des plus grands.

Si vous faites du télétravail, pouvoir s’isoler complétement par moment peut se révéler indispensable.

Saviez-vous que les ondes sonores se propagent quatre fois plus vite dans l’eau que dans l’air ?
Oui, car elles ont besoin d’une succession de compressions et de dilatations pour pouvoir se propager dans le milieu dans lequel elles sont produites (comme un ressort). Ce milieu peut être solide, liquide ou gazeux. Dans l’eau, la vitesse du son se propage à 1 500 m/seconde contre 340 m/seconde dans l’air. Plus le milieu est solide, plus la propagation des ondes sonores sera rapide. Ainsi, tapez dans une barre en acier, la vitesse du son atteindra 5 km/s !

Pour comprendre cette histoire de propagation par compression, je vous propose de prendre un exemple simple :

Si on pousse un ressort très dur, l’effet à l’autre bout du ressort se ressentira presque immédiatement. Alors que si on pousse sur un ressort beaucoup moins rigide, plus souple, l’autre extrémité se mettra en mouvement plus tard.

J’aime les exemples moins scientifiques, ils ont le mérite d’être mémorisés plus facilement et de
retenir l’essentiel.

Performances acoustiques et confort d’un logement

Pour comprendre la propagation des ondes sonores, il faut faire la distinction entre les bruits aériens et les bruits solidiens.
Le premier concerne une source qui n’a pas de contact avec la structure construite (les murs, sols et plafonds de votre maison), par exemple une conversation, la TV, le bruit dans la rue, etc. Les bruits aériens se propagent dans l’air puis font vibrer les cloisons. Chaque cloison qui a vibré fait vibrer l’air à son tour dans le local voisin, c’est de cette façon que le son traverse la cloison.
Le second, le bruit solidien, a pour origine une vibration directe avec la structure (chute d’objet, bruit de pas, ascenseur, chasse d’eau, notre à-coup sur la barre d’acier, etc.).

Maintenant que nous avons fait un petit tour des informations essentielles pour mieux appréhender notre problématique, parlons unité de mesure : l’unité qui exprime les niveaux de bruit est le décibel (dB). La particularité de cet indice est qu’avec seulement 3dB en moins, on divise le niveau sonore par deux.
Plus représentatif de ce que l’oreille humaine perçoit : le décibel(A) ou dB(A). C’est en général, l’unité utilisée pour évaluer les performances acoustiques d’un matériau.
Saviez-vous qu’un logement ne doit pas dépasser 35 dB(A) pour un confort minimum ?

Afin de pouvoir évaluer les solutions proposées, voici un tableau de repère de niveau en dB :

Niveau en dB Repères approximatifs
150 Pétard
135 Avion au décollage
130 Danger d’éclatement des tympans : explosions…
120 Seuil de la douleur discothèque
117 Cinéma, match de football
Jusqu’à 116 Tronçonneuse (scie à chaîne), souffleuse à feuille
110 Concert rock, piste d’aéroport, marteau piqueur à 1 m, klaxon de
voiture
100 Pointes d’orchestre, concert électroacoustique, circuit automobile,
camion à ordure
Jusqu’à 96 Tondeuse à gazon
90 Motos, imprimerie, chantier de construction, bord autoroute, robot
culinaire
Jusqu’à 88 Aspirateur
80 Bruit moyen de la circulation en ville, orchestre de percussion,
grandes orgues, jazz
Jusqu’à 72 Machine à laver, lave-vaisselle, sèche-cheveux
70 Cantines scolaires, concert classique, intérieur voiture récent
sur autoroute
60 Conversation normale
30 Murmure

 

Voyons maintenant quel est le comportement d’un bruit qui rencontre une cloison.

Lorsqu’un son rencontre une paroi, son énergie sonore est en partie :

réfléchie par la cloison, c’est-à-dire qu’il revient du côté de la source
absorbée par le matériau de la cloison et se transforme en chaleur dans la cloison
et transmise par le matériau de la cloison dans le local voisin en faisant vibrer l’air de l’autre côté.

Donc pour traiter un problème acoustique, il faut traiter la transmission des bruits grâce à un matériau isolant qui va également réfléchir cette énergie vers sa source.

Attention, il faut bien faire la différence avec un matériau absorbant qui va traiter l’énergie réfléchie et absorbée mais qui ne modifiera pas les propriétés de transmission de la paroi.

Autrement dit, si l’objectif est de réduire la résonnance dans une pièce, on parle d’absorption acoustique. S’il s’agit de réduire le bruit venant de l’extérieur ou d’une pièce voisine, il est bien question d’une isolation acoustique.

Certaines plaques phoniques ont été créées pour un gain d’affaiblissement acoustique supérieur à celui d’un doublage en plaque de plâtre BA13 standard, réduisant ainsi les dB de 3 (réduction par 2 des bruits perçus). Il est également bon de savoir que l’absorption de l’énergie sonore est obtenue grâce à des matériaux poreux qui dissipent l’énergie en la transformant en chaleur.

Pour isoler phoniquement une pièce, il faut simplement se rappeler de la loi masse-ressort-masse. Celle-ci est l’interposition entre deux masses d’un élément ressort. Il s’agit en fait d’interposer entre un mur et une plaque de plâtre une couche d’air ou d’un isolant souple, poreux. L’énergie
sonore sera diminuée de 6 à 8dB.

 

Oui mais alors, ma cloison, je la mets de quel côté ? du côté de ma chambre ou du côté du salon bruyant ?
Considérant ce qui a été dit précédemment, il sera évidemment plus efficace de doubler la paroi des deux côtés. Mais si l’on devait n’en choisir qu’un, je vous dirais d’isoler l’espace recevant la nuisance sonore.
Mais attention, cela ne relève souvent pas que d’un mur, il faut également penser à isoler le sol, la porte et parfois le plafond. Tout dépend de la source sonore (voisin du dessus, TV du salon, salle de jeux des enfants, porte dans les parties communes, etc.). Si les nuisances sonores viennent de l’extérieur, il faudra très certainement travailler sur la ou les fenêtres.

Passons maintenant au concret. Vous l’aurez compris, la performance d’isolation acoustique dépendra de la nature de l’isolant, de son épaisseur et de sa masse (épaisseur/poids) mais pas seulement !
Selon la nature de la source, il faudra peut-être travailler sur l’isolation du sol, de la porte, de la fenêtre ou du plafond.

Isolation phonique : les solutions

1. Isolation phonique des murs

  • Par le doublement de cloison : Il faudra prévoir des travaux, un budget plus ou moins conséquent (selon les matériaux choisis) et la réduction de l’espace (par le doublement des cloisons). En effet si votre pièce est déjà étroite, pensez-y avant afin de ne pas vous
    retrouver avec  une table de nuit qui ne rentrerait plus. Elle reste cependant la solution la plus efficace.  Il s’agit donc de doubler un mur avec des plaques d’isolation prévue à cet effet (voir les différents matériaux).
  • Doublage sur ossature métallique : Pour une meilleure performance acoustique, posez d’abord des bandes de résiliences (du liège par exemple) sous l’ossature métallique (rappelez-vous la solidité de l’aluminium). Celles-ci auront pour effet d’amortir les vibrations qui se propagent sur les côtés des plaques… Utilisez un mastic acoustique pour les coller au plancher, puis vissez l’ossature métallique sur le plancher en traversant les bandes de résiliences. Si vous avez assez d’espace, je vous conseille de doubler le « ressort » du matériau poreux avec un espace d’air d’environ 1cm.
  • Une autre solution, est le doublage thermo acoustique à coller. Il s’agit de parois à coller composées en général de laine minérale et de plaques de plâtre. Elles peuvent se coller ou se visser directement sur le mur existant. L’avantage est sa facilité d’installation. Cependant, elles réduiront également l’espace.

2. Isolation phonique du sol

Pour commencer, retirer le revêtement actuel. Ajouter une sous-couche acoustique comme des panneaux minces en laine de verre, et recouvrez votre sol de son nouvel habit. C’est aussi une bonne excuse pour changer la déco !

3. Isolation de la porte

Pour bien isoler une porte des bruits sans la changer, il faut travailler sur la masse du vantail, en ajoutant une masse supportable pour les gonds de votre porte.
Il est également nécessaire de travailler sur l’étanchéité de l’installation, c’est-à-dire sur tous les passages d’air qu’il y a sur votre porte (encadrement, trou de serrure, bas de porte). Un passage d’air laissera automatiquement filer le bruit. Vous pouvez trouver des produits comme des joints isolants adhésif, bas de porte (bourrelet en mousse), plaque de liège à coller directement ou un rideau phonique couvrant largement le châssis de porte.

4. Isolation du plafond

Pour le plafond, il existe des solutions assez minces également, en laine minérale et plaques de plâtre phonique pour éviter de ne trop perdre en hauteur sous plafond, adressez-vous à un artisan qui saura vous guider.
Si la nuisance sonore provient de l’extérieur, il s’agit sûrement d’une mauvaise isolation de la fenêtre. Si c’est un simple vitrage, ne cherchez pas plus loin, il faudra très certainement la changer pour remédier à votre problème acoustique. Le double vitrage est composé de 2 verres séparés d’un espace d’air ou de gaz qui amortit le bruit (et qui a également une fonction thermique).
Afin de vous aider dans le choix des matériaux, en voici une liste non exhaustive par ordre de performance : Fibre de coco, fibre de bois, ouate de cellulose, laine de verre, laine de roche, panneaux isolant sous vide, Mousse de polyuréthane, liège expansé, etc.
Autres solutions et pas des moindres, diminuer le bruit en meublant et en décorant vos espaces de vie! Eh oui, lorsqu’une pièce est vide, les bruits « résonnent » comme on dit les ondes sonores se propagent facilement aucun amorti. Alors n’hésitez pas sur les tapis, les meubles (en bois particulièrement), les décorations murales, les coussins, les rideaux, les objets de décoration. Vous pourriez aussi envisagez de « doubler » une cloison en intégrant un dressing plutôt qu’un panneau isolant par exemple !
Le tout est d’analyser la provenance du bruit et l’élément qui en est traversé.
Si la tâche vous semble trop compliquée, faites appel à un acousticien ou à un artisan, vous êtes maintenant assez armé pour ne pas vous laisser embobiner.

Courage et pensez à votre repos mental, l’issue n’est pas très loin !